quarta-feira, 28 de novembro de 2018

PRENDRE DU TEMPS


Je suis sorti, Seigneur,
dehors les Hommes couraient, les vélos couraient,
la rue courait, la ville courait, tout le monde courait.
Ils couraient pour ne pas perdre de temps,
pour rattraper le temps, pour gagner du temps.

Au-revoir, Monsieur, excusez-moi, je n’ai pas le temps.
Je repasserai, je ne puis attendre, je n’ai pas le temps.
Je termine cette lettre car je n’ai pas le temps.
J’aurais aimé vous aider, je n’ai pas le temps.
Je ne puis accepter faute de temps.
Je ne puis réfléchir, lire, je suis débordé,
Je n’ai pas le temps.
J’aimerais prier mais je n’ai pas le temps…

Ainsi, les Hommes courent tous après le temps, Seigneur.
Ils passent sur la terre en courant,
pressés, bousculés, surchargés, affolés, débordés,
et ils n’y arrivent jamais…
Tu es hors du temps, tu souris, Seigneur,
de nous voir nous battre avec lui,
et tu sais ce que tu fais,
tu ne te trompes pas lorsque tu distribues
le temps des hommes.

Tu donnes à chacun le temps de faire
ce que tu veux qu’il fasse…
Seigneur j’ai le temps à moi,
tout le temps que tu me donnes,
les années de ma vie, les journées de mes années,
les heures de mes journées, elles sont toutes à moi.

À moi de les remplir tranquillement, calmement,
mais de les remplir tout entières jusqu’au bord,
pour te les offrir,
et que de leur eau fade, tu fasses un vin généreux,
comme jadis à Cana, tu fis pour les noces humaines.

Je ne te demande pas ce soir, Seigneur,
le temps de faire ceci, et puis encore cela,
je te demande la grâce de faire consciencieusement,
dans le temps que tu me donnes,
ce que tu veux que je fasse.

Michel Quoist